Concours écriture 1er avril - Texte n°4

BIP BIP BIP BIP...

Je suis Patrick Jane et je suis vivant. Vous voyez ces gens là, dans cet espace ouvert ? Ils ont la tête des mauvais jours. Surtout la chef de l'équipe. Voyez les cernes sous ses yeux. Admirez son teint blafard. Ses ongles, cachés sous un dossier tremblant, étaient sûrement rongés jusqu'à l'os.

Moi ? Je suis vivant. Je dois leur rappeler.

La morphine qui circulait dans mon sang, probablement en circuit fermé, bloquait malheureusement mon imagination. Mais je ne pouvais pas attendre que celle-ci se débloque. C'était bientôt le premier avril. Je devais me mettre en chasse tant que les bons soins de l'hôpital me tenaient debout. J'avais l'impression d'être un bonhomme patchwork, recousue de partout. Et j'avais encore le droit à une belle attelle pour mon bras. Misère... La vie ça fait mal. Je peux mettre la sophrologie de côté.
J'avais délaissé les murs blancs et les odeurs d'alcool à 90% pour des murs chargés de n'importe quoi ayant l'apparence d'un vêtement et les flagrances de femelles en chaleur. Les soldes... Quel idiot je suis.
J'attrapais quelque chose avant qu'on ne me le vole, le payais et sortis. Je ne savais pas encore ce que je voulais faire. Je suivais mon inspiration. Et Dieu savait que mon inspiration me recommandait d'aller me coucher tout de suite. Je crois que je lui ai obéis. Ou alors c'est pas bon signe.
Je me réveillais quelques temps plus tard. Je n'avais pas pensé à regardé l'heure avant de fermer les yeux. Bon, il faisait jour déjà, puisque j'étais partis acheté quelque chose. Et là il fait nuit. Mince, je perds du temps pour mettre en place mon plan diabolique.
Mince je dors. Ah. Je l'avais pas sentie venir. Fourbe. Mais je suis tellement bien !

BIP BIP BIP BIP

Je devrais penser à mon plan diabolique avant d'oublier. J'attrapais un bol, des céréales, du jus de pommes, mis du liquide dans mon bol, des céréales, et une cuillère. Tout en mâchonnant, mes yeux parcouraient la table du salon. Il y avait un calendrier sur la table.
Quel jour sommes-nous ? Je ne sais même plus. Il faut que j'arrête les médicaments, ça ne me va pas. Je suis tellement fatigué ! Bon, en même temps, y'a deux jours j'agonisais sur le parquet d'une pharmacie pendant qu'un psychopathe tenait tout le monde en otages, que Lisbon criait comme une bête féroce pour lui faire peur, que le pharmacien mourrait, que Cho essayait de compresser ma plaie sans succès, que Rigsby s'occupait d'une femme enceinte qui allait bientôt accouchée, et que Van Pelt se cachait dans la gaine d'aération en attendant LE moment.
C'est un monde de fou.
J'attrapais quelque chose dans le réfrigérateur et un objet étrange qui traînait là. Un vieux vestige de mes années dans le spectacle. Hum... J'ai des vêtements et de la nourriture. Je peux sûrement en faire quelque chose.
J'embarquais tout ça dans ma voiture pour aller au travail. J'appris à la radio que nous étions le premier avril. Déjà. Mince. Le temps passe vite.
J'arrive au bureau un quart d'heure avant mon heure habituelle, c'est-à-dire : très tôt. Je pense que le gardien du parking imagine que je vis ici. Ou que j'ai caché mon double psychopathe, selon les geeks du premier. Je devrais les forcer à sortir ceux-là. Je suis sûr qu'il y en a deux ou trois cachés dans la gaine de ventilation, qui ne veulent pas quitter l'ordinateur surpuissant que leur met à disposition le C.B.I.
Et voilà à quoi on pense quand on est drogué aux anti-douleurs. Misère... Il faut que je me concentre et que je mette mon plan en action. Il faut que je me débarrasse du contenu de mon petit sac, emplit de choses embarrassantes. Sauf le Nutella. Non, je ne pars pas sur un délire à cause du Nutella. Jane, on se concentre !
Bon, voilà, au moins c'est fait. Il ne me reste plus qu'à dire bonjour à mon canapé.
Ahh... Mon canapé... Et dire que j'ai faillis te perdre il y a quelques jours !
Nos retrouvailles furent très attendrissantes. J'en profitais pour faire un somme. Le repos du guerrier !

Le soleil me faisais mal à ma tête. Ah oui, je me suis couché dans le mauvais sens. Tiens, j'ai fait tomber quelque chose.
Mon petit sac plastique plein de choses embarrassantes ! Super ! Et vu la tête de Grace, Cho et Risgby, ils n'ont pas pu s'empêcher de jeter un coup d’œil... Bon, ils doivent avoir l'habitude avec moi.

« -Comment ça va Jane?-demanda Grace
-J'avais pourtant dis à l'infirmière de t'attacher!-s'exclama Risgby
-Il est quelle heure?-demandais-je
-10 heures.-répondit Grace, toujours serviable
-Tu peux rester ici si tu veux.-fit Cho
-Hum hum...-grognais-je »

Mieux vaut m'avoir dans son champ de vision et pas derrière à faire des bêtises, c'est ça ? En plus avec ce que j'ai dans mon sac...
Lisbon quitta son bureau. Elle marchait en regardant droit devant elle, concentrée. C'était le signe d'une réunion très importante. Je me souviens de ce que j'avais glissé dans son dossier. Problématique ou pas ?

« -Elle a réunion?-demandais-je
-Avec Bertram, le chef de la sécurité de la Maison Blanche, le F.B.I à propos d'un problème de sécurité nationale. »

Est-ce qu'un string en dentelle rose avec des petites fleurs pourrait résoudre un problème de sécurité nationale ?
J'étais trop lent à réagir. Lisbon avait déjà disparu dans le bureau de Bertram. Je ferais mieux de partir à l'autre bout du monde.
Je pris nonchalamment mon sac et essayais de partir de façon tout aussi détendue. Impossible. J'allais quand même la ridiculiser devant le F.B.I et Bertram.

« -Jane....-murmura Risgby »

Je me retournais en m'appuyant sur un mur pour affecter une pause détachée.

« -Je voulais partager mon pot de Nutella mais on ferait mieux d'éviter. Tu n'aurais pas un peu grossi?-lançais-je »

Ma main « s'égara » sur le bouton de l'alarme incendie. Rigsby, trop occupé à me foudroyer du regard, Van Pelt à rire et Cho à faire ses dossiers, ne se rendirent pas compte que je venais d'appuyer dessus.

« -Oh, on ferait mieux de sortir.-fis-je, innocent »

Leurs regards m'apprirent qu'ils n'étaient pas dupes. Je me contentais de quitter le C.B.I le plus vite possible.